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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 21:54


 

"Un barbu est un barbu. Trois barbus, c'est des barbouzes." Michel Audiard.


 

Je n'ai jamais aimé les barbus... Peut-être s'agit-il d'un traumatisme lié à ma petite enfance ? Peut-être devrais-je entamer une psychanalyse ? Peut-être n'est-il pas trop tard ? A propos, Freud n'était-il pas barbu ? Tout comme ceux qui me traumatisent et dont la seule vue me hérisse, les Ivan Rebroff, Fidel Castro, Corbier, Moustaki et autres Père Noël... Sans parler d'un certain nombre de syndicalistes (sont souvent barbus et repoussants, ces gens-là !). Je pourrais aussi ajouter à cette pénible liste le chanteur d'un groupe aujourd'hui bien oublié, Tin Machine, je crois (comment s'appelait-il déjà, ce barbu-là ?).  Autrefois, je me méfiais même du sympathique Carlos, c'est dire...

J'ai pourtant toujours eu un faible pour la musique de ZZ Top, groupe célèbre justement pour la barbe à la longueur démesurée de deux de ses membres, le vénérable guitariste Billy Gibbons et le poussiéreux et bien-nommé bassiste Dusty Hill. Comme chacun le sait, seul le batteur a, il y a bien longtemps, rasé sa barbe... et arbore depuis une fort vilaine moustache. Cet homme a pourtant l'insigne culot de se nommer Frank Beard, c'est-à-dire Frank Barbe ! Allez donc y comprendre quelque chose...

Après une décennie passée à jouer une sorte de blues rock très seventies fort prisé par les  bikers, le trio texan surprit considérablement son monde en accouchant de cet inattendu Eliminator en 1983.

Nos trois amis avaient soudainement décidé d'actualiser leur musique et le synthé, instrument maudit, fit une apparition remarquée.   

Les puristes hurlèrent évidemment à la trahison et au scandale. Mais les cris d'orfraie de certains vieux fans ne dissuadèrent pas une nouvelle génération ravie de s'intéresser à ce disque, qui devint non seulement l'une des plus grosses ventes de l'année 83, mais de l'industrie musicale tout court, avec plus de dix millions d'unités écoulées ( Eliminator a été certifié disque de diamant en 1996 ). 

Comment expliquer un tel succès ? Tout d'abord parce que le groupe sut jouer intelligemment la carte du video clip et de MTV, alors en plein boum, exploitant habilement son image pour le moins... hum...  particulière et parvenant même, à force de second degré et d'autodérision, à devenir hip et à plaire simultanément aux gamins et aux intellos branchés. Et cela, rappelons-le, en 1983, année durant  laquelle un look à la Duran Duran ou à la Spandau Ballet était, semble-t-il, de rigueur pour affoler le public.

La formule sur laquelle reposaient la plupart des clips du Top était simple. Le groupe apparaissait quasi-systématiquement comme une sorte de moderne deus ex machina - la machina en question étant un superbe hot rod, à l'origine une Ford de 1933, qui devint d'ailleurs la véritable vedette de ces petits films - venant en aide à de sympathiques jeunes gens n'ayant pas eu la chance de naître avec une cuiller en argent dans la bouche...

On pourrait d'ailleurs aller plus loin et affirmer qu'en 1983, à l'instar des tribulations dépeintes dans ses vidéos, le Top fut aussi le sauveur du rock. Il ne faudrait quand même pas oublier que cette année fut celle du triomphe de Michael Jackson, pas encore le King of Pop mais alors le roi du funk, ainsi que de David Bowie période Let's Dance, les autres grands vainqueurs de 83 étant des gens comme Culture Club ou Kajagoogoo. N'oublions pas non plus l'immense succès de Police et de son Synchronicity.

Dans un tel contexte, le fan de rock énervé et frustré en était réduit à serrer les dents, ayant très peu de choses à se mettre dans les écoutilles. Certains en étaient même réduits à attendre impatiemment le prochain Stones et ceux-là se suicidèrent lors de la sortie d'Undercover. Et ne parlons pas du public d'AC/DC traumatisé par Flop Of The Switch...

ZZ Top bénéficia ainsi d'une situation généralisée de pénurie et eut quasiment le monopole du rock de grande consommation. Cela eût été malheureux si l'on avait eu affaire à des escrocs patentés mais tel n'était pas le cas, contrairement à ce que leur allure de trafiquants de whisky frelaté aurait pu laisser supposer. Car Eliminator demeure incontestablement l'un des meilleurs disques de l'année, mais aussi de la décennie et même, osons, de l'histoire du rock, tout simplement...

Disque majeur, Eliminator trône au panthéon de la musique populaire. Festival de riffs magiques, juteux, évidents et accrocheurs en diable, avalanche de solos torturés redoutablement inspirés et pourtant à mille lieues de la pyrotechnie vanhalenienne alors de rigueur, il s'agit d'un vrai disque de rock au son sale et artisanal, n'ayant rien à voir avec un quelconque hard FM aseptisé.

Quant aux synthés, ils ne gênent pas. Pour tout dire, c'est à peine si l'on remarque leur présence tant ils font corps avec l'ensemble. En fait, ils permettent juste à l'auditeur de réaliser qu'il n'écoute pas un vieux groupe des années 70 mais un combo éminemment contemporain et vindicatif en diable.

Car le Top est salement énervé et Eliminator a sacrément la gnaque.

D'ailleurs, réécouté en 2000 et quelques, le disque ne sonne pas daté comme la plupart de ses petits copains des années 80. Il est intemporel, point barre. Comme Sticky Fingers, comme L.A. Woman. Rien à voir avec un album de Wham !...

Donc ça sonne bien, rudement bien même. Ça sonne même mieux qu'avant. Et j'eusse apprécié que cela sonnât aussi bien après... ce qui ne fut hélas pas le cas. 

Qu'il s'agisse de l'hymne Gimme All Your Lovin', du puissant Got Me Under Pressure, du remuant Sharp Dressed Man, des six minutes d'émotion du blues Need You Tonight, du salace I Got The Six - gimme your nine - , de l'irrésistible Legs, du saccadé Thug, de l'entraînant TV Dinners, du très enlevé Dirty Dog, du chantant If I Could Only Flag Her Down ou du méchant Bad Girl, tout ici est rudement bon.  Fameux, même.  Et sacrément relevé.

A l'image de sa célèbre bagnole, voici un "vieux" groupe au look peu avenant ( deux barbus, quand même ! ) qui s'en revient bousculer les charts avec un gros son intemporel et surgonflé.

Le Top au top... Le top du Top... Et vous voudriez décliner une telle invitation ?

 

 

 

 

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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 19:37


 

Il y a un peu plus de dix ans, vous étiez une rock star, une vraie... Vous passiez même pour le plus choquant des chanteurs. Vous étiez aussi le plus décadent des performers, le prince de l'outrage, le king du shock rock. Vos disques se vendaient par millions. Vous fréquentiez le gratin hollywoodien. Des foules avides se pressaient à vos concerts. C'était il y a dix ans. Oui, dix ans !

Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et de whisky dans votre panse. Vous avez composé de nombreuses ballades, reprises par des gens de bon goût, Tina Turner, Patrick Juvet... Vous avez enregistré un album avec Toto. Vous avez même interprété une chanson des Beatles en compagnie des rois du disco, les Bee Gees. Cela,  c'était avant votre virage new wave... Car vous avez ensuite donné dans la new wave. Et tourné de surcroît avec les ex-musiciens de votre si sympathique voisin Elton John ( aucun rapport avec la new wave, je vous l'accorde ). Ensuite, évidemment, ce fut le trou noir. Comme Patrick Juvet, vous avez eu peur de la nuit *. Et du jour qui meurt, et des nuits sans coeur...

Vous avez alors décidé de réagir. Échaudé par l'échec retentissant de vos quatre albums précédents, vous avez entrepris de prendre en marche le train fou du hair metal triomphant.

Il est vrai que vous en aviez assez de voir vos enfants adultérins passer en heavy rotation sur MTV, ces petits bâtards de Wasp, Mötley Crüe, Ratt et Madam X... Ces gamins allaient voir ce qu'ils allaient voir... Ils allaient assister à la résurrection du plus infâme des croquemitaines, plus fort que le Père Fouettard et Freddy Krueger réunis ( d'ailleurs n'êtes-vous pas le père de Freddy ? **), le mythique et terrifiant Alice Cooper...

Taratata ! Toc, toc, badaboum ! Après trois ans de silence, vous décidez :

- primo, de remettre au goût du jour votre fascinant show des seventies et de renouer avec votre célèbre look d'antan, maquillage et boa ***.

- secundo, vous recrutez un nouveau groupe, conglomérat hétéroclite de métallos aspirant à la gloire et aux paillettes, dont les plus emblématiques représentants demeurent Kip Winger (basse) et Kane Roberts (guitare), émule à la fois de Sylvester Enzio Gardenzio Stallone et d'Edward Lodewijk Van Halen. 

Après avoir infligé à ce beau monde de sévères répétitions, vous recrutez le producteur Beau Hill, connu alors pour son travail avec Ratt, groupe emblématique de ce milieu de décennie.

Et pour que les choses soient bien claires, votre disque s'intitulera Awake For The Snake !

En cours de route, vous modifierez drastiquement les deux points précédents en rebaptisant votre "chef-d’œuvre" Constrictor et en sollicitant les services de l'ingénieur du son Michael Wagener, chargé de réparer les dégâts commis - selon vous - par Beau Hill, c'est-à-dire la création d'un son trop poppy et commercial à votre goût. C'est d'ailleurs là, bel Alice, que votre démarche devient pour le moins paradoxale dans la mesure où vous prétendez, d'une part, renouer avec votre succès commercial d'antan et revenir, d'autre part, avec un gros son bien heavy et agressif. En vérité, les groupes qui cartonnaient alors, les Mötley, Ratt et autres Bon Jovi n'étaient justement pas réputés pour la violence de leurs productions mais il vous faudra quand même trois bonnes années avant de réaliser cela et d'aller passer un  fructueux pacte avec Desmond Child ****...    

Constrictor, donc. Votre premier effort depuis Dada (1983), chef-d'oeuvre méconnu, votre Berlin à vous, qui réussit d'ailleurs l'exploit d'avoir eu encore moins de succès que le joyeux disque de Reed...

Par certains côtés, on serait cependant plus proche de Zipper Catches Skin (1982), pour l'aspect auto-parodique s'entend. Un Zipper nanti cette fois d'une production adaptée au ( mauvais ) goût du jour et sur lequel vous consentiriez à chanter, ce qui n'était pas le cas en 1982 ( vous vous contentiez alors de déclamer grotesquement de ridicules histoires du genre de l'inoubliable That Was The Day My Dead Pet Returned To Save My Life, vous en souvenez-vous, merveilleux Alice ? Non, vous étiez tellement bourré que vous avez totalement zappé cette délicieuse période... Pas nous !).

Un son de batterie froid et artificiel typique des années quatre-vingts (une boîte à rythmes ?), des parties de guitare à la Van Halen, ou plutôt à la manière des imitateurs du génial Eddie, genre dévalage de manche à la vitesse de l'éclair, façon essaim de guêpes, voilà ce que vous nous offrez en 1986. En cela, vous agissez exactement comme le Kiss démaquillé de cette période. Vous vous transformez en suiveur. Pas bien, ça...

Le pire, c'est que certaines compos se révèlent relativement efficaces et que l'ensemble fonctionne correctement par moments. Les Teenage Frankenstein, Give It Up, The World Needs Guts et autres Crawlin' plairont aux amateurs du genre même si tous ces titres sont aujourd'hui bien oubliés, même par vous, délicieux Alice, qui ne les interprétez plus guère sur scène. Le reste donne dans un heavy rock US assez anonyme, si l'on met de côté votre voix très typée et inimitable. Life And Death Of The Party est cependant très bon et distille fugacement une émotion qui nous renvoie aux fastes d'antan. Quant à Trick Bag, il est carrément pompé sur le Talkin' In Your Sleep des Romantics... Si, si, réécoutez les intros respectives de ces deux chansons...

Il faut d'ailleurs savoir que ce Trick Bag se nommait He's Back à l'origine et était destiné à figurer sur la B.O. du sixième volet du slasher Vendredi 13, judicieusement intitulé Jason Lives. Il est vrai que la musique ici présente correspond parfaitement aux genres de trucs que l'on entend en bruit de fond dans ce genre de film. Mais, sur ordre de votre nouvelle maison de disques, MCA,  vous avez avez dû réenregistrer cette chanson flanquée d'une production techno pop particulièrement datée. Ainsi naquit He's Back ( The Man Behind The Mask ), morceau sorti en single.

Quant à la première mouture, plus heavy, vous vous êtes contenté d'en changer les paroles et le titre. Voici comment He's Back est devenu Trick Bag. Astucieux recyclage, mon cher Alice... 

Pour la petite histoire, rappelons que la version synthétique de He's Back fut un tube énorme en... Suède, infortunée terre natale des Bathory, Marduk, Therion et autres Amon Amarth...

Si le premier single fut numéro un chez les Vikings, l'album, lui, ne dépassa pas la 59ème position des classements ricains.

Cela n'empêcha nullement la tournée The Nightmare Returns de casser la baraque. À défaut de retrouver votre inspiration de naguère, votre petit musée ambulant des horreurs avait renoué avec son succès d'antan, et cela, vilain Alice, était révélateur d'une rage retrouvée.

Sur scène, vous étiez bel et bien de retour, and you were out of control... 

On se console comme on peut...

 

 

* Patrick Juvet, J'ai peur de la nuit, 1975, adaptation francophone de la ballade Only Women Bleed.

** Cf. Freddy's Dead : The Final Nightmare.

*** Il ne s'agit certes pas là de cet élégant accessoire vestimentaire si prisé par les élégantes et par la grande Zoa mais d'un authentique boa constricteur...

**** En 1989, l'album Trash réalisé en compagnie de D. Child, à la composition et à la production, connaîtra un très gros succès commercial.

   




 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 18:27

 

Question cruciale : quel est le meilleur Sab' de la grande époque ?

Interrogation majeure assurément. Je parle là du plus grand groupe de heavy metal de tous les temps et de l'un des cinq ou six combos les plus importants et influents de l'histoire du rock.

Mettons tout d'abord de côté les deux derniers albums du groupe, les expérimentaux Technical Ecstasy (1976) et Never Say Die (1978), assez éloignés du style sabbathien classique et souvent mal aimés.

Faisons de même avec les excellents Sabbath Bloody Sabbath (1973) et Sabotage (1975), qui ne sonnent plus vraiment comme du Sab' millésimé...

À  ce stade, la réponse à notre question liminaire devient  éminemment  prévisible : pour le fan de base, il s'agit immanquablement de l'un des trois premiers chefs-d’œuvre du célèbre groupe anglais.

Certains citeront Black Sabbath (1970) pour l'aspect historique, ce premier effort étant généralement considéré comme le premier véritable disque de heavy metal et cet aspect génésiaque relègue ses quelques ( petits ) défauts bien réels au second plan, en particulier les solos superfétatoires destinés à remplir la seconde face du vinyle.

Les lecteurs assidus des numéros hors-série de Rock&Folk prétendant dresser la liste des cent ou cent cinquante meilleurs disques de tous les temps choisiront quant à eux le mythique Paranoid (1970), systématiquement désigné par d'éminents spécialistes comme étant le seul album écoutable de la Messe Noire  et qui demeure incontestablement le grand classique du groupe d'Ozzy la Gargouille.  

D'autres, et plus particulièrement les fumeurs de moquette, s'empresseront de pointer le monolithique Master Of Reality (1971), autre merveille de lourdeur débutant par le fameux Sweet Leaf, grand hymne desdits fumeurs de moquette...

Il me semble pourtant que le Sab' a sorti huit albums studio...

En 1972 surgit des entrailles de l'enfer la quatrième offrande sabbathienne, ce fuligineux Vol. 4... 

Sur la pochette, Ozzy, immortalisé en inquiétant maître de cérémonie, se livre, hiératique, à la postérité.

Vol. 4 ou l'apogée du son Black Sabbath. Jamais plus le groupe ne sonnera ainsi. Par la suite, les désirs de respectabilité de Tony Iommi prendront le dessus. Désireux d'être considéré comme un artiste, un vrai, il accordera davantage d'importance à la production et privilégiera les solos ouvragés, ce au détriment des riffs percutants et inoubliables d'antan.

Sur Vol. 4, il se contente encore de jouer sur son vieux matos, utilise toujours ses amplis vintage et sa guitare accouche de riffs monumentaux.

De l'intro majestueuse de l'épique Wheels Of Confusion à Under The Sun, tout se révèle ici indispensable et mémorable, le groupe réussissant l'exploit de transporter l'auditeur dans une bien étrange dimension parallèle.

Trois des dix titres de ce chef-d’œuvre, le lent Tomorrow's Dream, la ballade Changes et l'instrumental Laguna Sunrise, figurent d'ailleurs sur le fameux Greatest Hits (1977), dont la pochette reprend opportunément le Triomphe de la Mort de Bruegel l'Ancien.

Si Tomorrow's Dream - premier single du groupe depuis Paranoid -  demeure du Sab' classique, pesant et sinistre, Changes est une chanson poignante à base de piano et de mellotron permettant à Ozzy le fou d'exprimer toute l'intensité de son désespoir. "Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir." Quand on pense que des cuistres se permettent de dénigrer ses talents de chanteur... Peu de vocalistes sont capables de dégager une telle émotion... Et Laguna Sunrise, telle une bulle légère et diaphane, parvient à distiller une troublante impression de paix et de sérénité, avec sa guitare acoustique flottant sur un fond de mellotron. 

Un autre instrumental, FX, terrifiant prélude de Supernaut, installe, lui, une atmosphère menaçante, malsaine.

Le reste de l'album peut être pris pour une sorte d’épitomé de l'esprit du Sabbath Noir.

A l'écoute de Supernaut, les mégalithes de Stonehenge semblent s'abattre sur l'infortuné auditeur... 

Citons aussi le riff parfait de Snowblind, chanson consacrée à la substance favorite du groupe ( le Sab' remercie d'ailleurs "the great COKE-Cola Company of Los Angeles" sur la pochette ), l'intro pesante et lourde de menaces du lugubre Cornucopia, les lourds roulements de batterie de Bill Ward, le chant éprouvant et halluciné de la Gargouille et l'atmosphère sinistre qui émane de l'ensemble, lourdeur et résignation mêlées.

Vol. 4 n'est pourtant pas le sombre monolithe que l'on pourrait croire et se révèle même relativement varié. Souvent oublié, rarement plébiscité, il n'en constitue pas moins l'une des pierres angulaires de la discographie de Black Sabbath, se révèle sur la longueur plus cohérent que le premier album et largement aussi inspiré que Master Of Reality. Et tant pis s'il ne contient pas de tube à la Paranoid dans la mesure où il propose des compos nettement plus consistantes que ce "classique", en réalité hâtivement composé dans le seul but de remplir l'album du même nom.

Près de quarante ans après sa sortie, Vol. 4 demeure l'un des plus indiscutables chefs-d'oeuvre du groupe et une sorte de pic indépassable, véritable quintessence du son sabbathien... Black Sabbath, maître ès vertiges et sensations fortes, dispensateur de puissantes vibrations et autres terribles émanations telluriques, Black Sabbath, le groupe chtonien ultime...


 

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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 18:42

 

 

Ex-Jefferson Airplane et futur Starship tout court, le Jefferson Starship traversa avec succès les années 70, alignant plusieurs albums intéressants (Dragon Fly, Red Octopus) et plusieurs singles à succès (Count On Me et le méga-hit Miracles). Si la musique produite par le groupe n'avait plus rien à voir avec les délires hallucinés et lysergiques de l'Airplane, le Jefferson Starship préférant donner dans une sorte de rock californien pépère mâtiné de soul et de pop, elle n'en était pas pour autant devenue sans intérêt, bien au contraire...

En 1979, il était cependant permis de s'interroger sur la viabilité de la formation. En effet, plusieurs piliers du J.S. avaient pris la poudre d'escampette, à savoir le batteur John Barbata et surtout la charismatique Grace Slick et Marty Balin, auteur des plus gros hits du groupe.

C'est donc un nouveau J. S. qui enregistra ce Freedom At Point Zero, sous la direction du producteur Ron Nevison. Les guitaristes Paul Kantner et Craig Chaquico, le multi-instrumentiste Pete Sears, le bassiste David Freiberg sont de retour en compagnie du chanteur Mickey Thomas et du fabuleux batteur Aynsley Dunbar, qui a joué avec tout le gratin du rock, de Reed à Zappa, en passant par le Bowie de Pin Ups.

Contre toute attente, Freedom At Point Zero constitue une excellente surprise et propose des compositions fraîches, variées et inspirées. Le groupe est à l'aise dans tous les registres, qu'il s'agisse du rock franchement FM de Jane, sorti en single et clairement influencé par le Toto de Hold The Line, du rock'n'roll de la bien nommée Rock Music, des irrésistibles délires pop de Things To Come et Girl With The Hungry Eyes, en passant par des pièces plus ambitieuses et progressives telles que l'excellent morceau-titre et le grandiose et planant Awakening qui permet au virtuose Craig Chaquico de montrer toute l'étendue de son talent. 

Son jeu lyrique et inspiré illumine en fait tout l'album, transcendé aussi par la frappe puissante de Dunbar et les harmonies vocales soignées, typiques du groupe.

Pour toutes ces raisons, Freedom At Point Zero connut un joli succès commercial et demeure l'un des albums les plus plaisants et attachants du Jefferson Starship, son écoute se révélant d'ailleurs toujours éminemment plaisante, près de trente ans après sa parution. Et cela n'est certes pas donné à tout le monde...     




 


 

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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 20:07

 

 

 

 

"I've always felt like a vehicle for something else but then I've never sorted out what that was." David Bowie, 1973. En 1987, le conducteur s'était apparemment assoupi. Dangereux, ça....

 

 

 

Annoncé comme l'album du grand retour de David l'avide, Never Let Me Down n'en demeure pas moins l'un des plus fumants poissons d'avril de tous les temps...

Après avoir successivement incarné des personnages aussi fascinants et mémorables que  Ziggy Stardust, Halloween Jack ou le Thin White Duke (liste non exhaustive...), David Bowie fut soudain littéralement happé, possédé, dévoré, par le vide interstellaire, l'indicible néant, le grand rien... 

Dans les années 70 prévalaient la recherche de l'originalité et la volonté de se singulariser.

Les années 80 furent celles du grand saut dans le mainstream et l'anonymat...

"I'm Pierrot, I'm Everyman" aimait autrefois à déclarer Bowie. Mais, en 1987, celui-ci était devenu M. Personne !!!

En plein syndrome post-Let's Dance, c'est-à-dire poches pleines et esprit vide, l'inspiration

 en berne, il accoucha de ce foireux Never Let Me Down...  

Ayant renoncé à incarner des personnages typés et dérangeants, Bowie se transforma en M. Propre de la pop. Sa musique, autrefois troublante, raffinée, et parfois hermétique devint émétique et creuse. En un mot: merdique ! David le caméléon, pathétique médium ayant perdu son pouvoir, s'imprégna alors exclusivement de l'air du temps et, conséquemment, de l'épaisse couche de médiocrité ambiante.

Superficielles années quatre-vingts qui virent la transformation des radios libres en pompes à fric, déversoir stipendié de calamiteuses productions aseptisées et calibrées...les années Stock Aitken Waterman et de l'avènement du clip-roi, la musique devenant la simple bande sonore de vidéos de plus en plus creuses et prétentieuses... Ainsi, en moins de dix ans, on passa de l'originalité et de la classe pure de Ashes To Ashes aux boursouflures que demeurent les clips de Never Let Me Down et Day-In Day-Out, quintessence absolue de ces années yuppies et panurgiennes.

Never Let Me Down ou The Fall Of Dizzy Bang Bang And The Glass Spider From Shining Star...

Oui, approchez gentes dames, vous aussi tendres damoiseaux... Venez assister au grand Barnum de l'an de grâce 1987, au show ultime de Da Vide Beauoui, grand maître ès calembredaines... Tout cela sur un seul malheureux disque... Le carambouillage de l'année assurément... 

Oui, bonnes gens, n'ayez pas peur, réjouissez-vous...  Pour 120 anciens francs, vous aurez droit à du funk de supermarché, à du rock FM ventripotent, à de la mauvaise dance, aux solos d'un Peter Frampton impotent expressément décongelé pour la circonstance, à une reprise d'Iggy Poop et même, cerise sur le gâteau, à un rap de Mickey Rourke !!! Manque juste un strip tease de Catherine Deneuve...

Album clinquant et racoleur, NLMD a tout de ces friandises riches en saccharine, à forte teneur en édulcorants, arômes artificiels et autres produits de synthèse hautement cancérigènes... Consternante déjection, indigeste pièce montée, abomination informe et visqueuse, navrante saloperie, bouse frelatée, monstruosité putrescente, concentré de matière ectoplasmique dégénérée, calamité surnaturelle, No Sound, No Vision !!!

Difficile de donner objectivement une idée du désastre... Rappelons quand même au passage que la version originale de l'album comportait un titre intitulé Too Dizzy, tellement nul qu'il a été supprimé des rééditions successives !!! Phénomène quasi-unique à ma connaissance. En ces temps de révisionnisme forcené, on peut affirmer que cette chanson n'a effectivement jamais existé... Mais tant qu'à faire, c'est tout l'album qu'il eût fallu précipiter aux fins fonds des abysses, dans la quatrième dimension ou dans un trou noir.

Le clip de Day-In Day-Out nous montrait un Bowie en roller,  mais cela n'empêche pas NLMD d'avoir été enregistré avec les pieds. Son auteur est d'ailleurs le premier à reconnaître que ce disque atroce constitue le nadir de sa carrière.

On pourrait certes sauver à la rigueur le simili-tube Day-In Day-Out, facile et superficiel, Time Will Crawl, bonne chanson gâchée par un enrobage sonore trop typé années quatre-vingts et que Leos Carax parviendra cependant à transcender quatre ans plus tard dans une scène mémorable de son film Les Amants Du Pont Neuf... Le morceau-titre n'est pas dénué d'intérêt avec son harmonica vibrant et ses influences lennoniennes.

Quant au reste... Les références au passé tombent à plat. Glass Spider (rien à voir avec les Araignées de Mars, hélas...) évoque vaguement Diamond Dogs, les crocs et les diamants en moins.

Les héros, fatigués, sont devenus des zéros...Zeroes... Les zéros et l'infini de la daube estampillée eighties... '87 And Cry... Cry... Cry...

Et puis, passons miséricordieusement sur les clips, coûteux et puants, à l'esthétique gerbante,  à l'image de la pochette résolument hideuse... que je n'ai ni la force ni l'envie de décrire...

Contre toute attente, la tournée Glass Spider connut un immense succès, supérieur même à celui du Serious Moonlight Tour de 83. Et l'artiste interpréta régulièrement sur scène neuf (!) des onze titres du nouvel album. Un événement bien peu reluisant vint cependant menacer le bel ordonnancement de l'ensemble : Wanda Nichols, une jeune Texane, accusa Bowie de l'avoir violée dans sa chambre d'hôtel après l'un des concerts de Dallas. Elle affirma aussi avoir été mordue par le chanteur au niveau du dos et des jambes. Son agresseur lui aurait même déclaré: " Maintenant tu as le SIDA !" On imagine sans problème le malaise provoqué par une telle affaire dans l'Amérique de Reagan ! Et les retombées sur l'image d'un artiste qui se voulait dorénavant clean et transparent, à mille lieues des fantômes ambigus du passé.

L'enjeu était tel que, pour prouver son innocence, Bowie en fut réduit à passer un test de séropositivité. Les résultats amenèrent bien évidemment le jury à rejeter la plainte de l'affabulatrice. Mais le mal était fait...

Après avoir définitivement tué chacune de ses incarnations successives, Bowie en était arrivé à une sorte de point de non-retour. Pour survivre à sa mort artistique, il lui fallait se suicider symboliquement, seul moyen d'espérer renaître, humainement et musicalement, tel le Phénix. D'où l'option Tin Machine, qui vit David Bowie, quand même le plus individualiste des entertainers, se fondre dans l'anonymat d'un (mauvais) groupe de hard rock dont il se vantait de n'être qu'un membre parmi d'autres. Qu'importe en définitive puisque cette thérapie de choc et de groupe fut éminemment salutaire, lui permit par la suite d'engendrer le superbe Outside, et d'entamer une nouvelle et fort intéressante phase de sa carrière.  

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 14:45




 

"Voulez-vous que je fasse une critique des Rolling Stones ? Alors voilà : les fantastiques solos de Ronnie Wood, les riffs hachés de Keith Richards, la batterie caverneuse de Charlie Watts et l'énergie étonnante de Mick Jagger. Bla-bla-bla. Et le plus fort, c'est que de New York à San Antonio, on va lire le même bazar !"

                                               Charlie Watts, Rock&Folk n° 425, janvier 2003.

 

 

 

Bon, c'était il y a moins de deux ans, je crois. Dans une grande surface... J'attendais mon tour à la caisse. Il commençait à faire nuit. Ce devait être en décembre. Je tentais de prendre mon mal en patience. Soudain, j'ai tendu l'oreille. Une voix familière sortait des haut-parleurs. La voix de Mick J... Comment s'appelle ce morceau ? Merde ! Impossible de retrouver son titre ! C'était d'autant plus bizarre que les chansons des Stones susceptibles d'être entendues dans ce genre d'endroit ne sont pas légion : Satisfaction, She's A Rainbow, Angie, Miss You, Emotional Rescue, Start Me Up... Sur le coup, je bloquais complètement. J'avais beau me triturer les méninges, je ne parvenais pas à identifier la bluette que diffusait la radio. M'enfin, ça avait au moins l'avantage de m'occuper... Oubliés le supermarché de mes deux, les gens qui s'impatientaient et la trombine de la caissière.

À ma sortie du magasin, je me demandais toujours quel pouvait bien être le titre de cette fichue chanson. Bon, me suis-je alors dit, le Jag' vient sans doute de pondre un nouvel album solo. Oui, c'est ça, il s'agit sûrement du nouveau single en solitaire de Sir Mick... Voilà qui explique ma coupable défaillance. Ouf ! l'honneur est sauf !

Quelques heures plus tard, comme touché brusquement par la grâce, le titre en question ressurgit soudain du tréfonds de mon subconscient. Ce fut comme une révélation et celle-ci me laissa pantelant... Car il s'agissait, tenez-vous bien, de ce mièvre Streets Of Love qui figure en cinquième position de l'album A Bigger Bang sorti deux ans plus tôt. Ce qui veut dire que je ne me souvenais absolument plus de ces Rues de l'amour.

Quand même ! Confondre une chanson des Stones avec un truc de Mick Jagger en solo ! Lamentable, vraiment. Inexcusable, même. Le genre de chose susceptible d'énerver salement le vieux Keith ! Le pire, c'est que je dois avouer qu'il en allait de même avec le reste du disque dont j'avais déjà oublié l'essentiel. Il faut dire que je l'avais non seulement peu écouté mais bien vite rangé. Et quasiment jamais ressorti. Deux ans que ça durait...

J'ai pourtant récemment décidé de lui donner une seconde chance...

Premier album studio du groupe depuis huit ans, ce Bigger Bang était annoncé comme le meilleur Stones depuis Exile On Main Street (1972)... Le genre même de prose promotionnelle dépourvue de sens. En son temps, Some Girls (1978) avait aussi été décrit comme le Stones le plus essentiel depuis Exile. Tout comme Steel Wheels (1989). Et Tatoo You (1981) comme le meilleur depuis Sticky Fingers (1971) ...

Dois-je avouer préférer amplement Fingers à Exile ? N'en déplaise aux puristes, ce fameux double de 1972 n'a jamais et ne sera jamais mon Stones fétiche. Lorsque je l'ai découvert au début des années quatre-vingts, je l'ai même trouvé décevant - il est vrai qu'à en croire les éminents critiques de cette période, il s'agissait ni plus ni moins que du plus grand album de tous les temps.

Tout cela pour dire que je me méfie comme de la peste de la hype entourant la sortie du nouveau disque de n'importe quel éminent groupe ou artiste ayant débuté il y a plus de vingt ans... (Et ne parlons pas des artistes actuels...)

Le seul point pouvant rapprocher les Stones cuvée 2005 de ceux de 1972 : la durée. Mais Voodoo Lounge (1994) jouait déjà cette carte.

Que dire de la pochette ? Elle nous montre le groupe. Ca faisait longtemps... Cette photo est-elle censée illustrer la théorie du Big Bang ? Faut-il y chercher une quelconque symbolique ? Aurait-elle des connotations lucifériennes au sens étymologique du terme ? Qui sait ?

Ce qui est certain, c'est que le début ne fait pas dans la demi-mesure. Les trois minutes de Rough Justice sont fabuleuses. Intro percutante et minimaliste, des accords évoquant Brown Sugar et un Charlie Watts qui frappe très fort. La meilleure entrée en matière depuis le Sad Sad Sad de Steel Wheels, mais assortie d'une production garage plus adaptée. Oui, on est immédiatement rassuré :  l'alchimie du groupe fonctionne toujours, ça sonne comme du Stones avec ce style unique, reconnaissable entre mille. Mieux, ils ont apparemment pris leur pied à enregistrer ce énième opus.

Mais ne nous emballons pas trop vite. Il faut aussi reconnaître que le reste de l'album - c'est-à-dire les quinze (!) morceaux suivants - sont un cran en-deçà de ce miraculeux Rough Justice, qui renouait brillamment et bruyamment avec ce son sale et brouillon si typiquement stonien.

Aussi bon soit-il, le deuxième titre, Let Me Down Slow, nous propose un groupe à la limite du pilotage automatique, même s'il bénéficie d'une intro efficace. Jagger adopte un chant plus détaché, moins concerné et l'ensemble sonne moins fou et survolté. Il s'agit tout simplement de l'un de ces rocks typiquement stoniens, comme ils en ont enregistré des tonnes depuis l'arrivée de Ron Wood.

Le reste de l'album propose ainsi une alternance de rocks efficaces mais moins explosifs que la déflagration initiale et quelques ballades visant à aérer le tout. A cela s'ajoutent une tentative funk, un blues et les traditionnelles chansons de Keith.

Dans la première catégorie, on citera le très bon It Won't Take Long - bon riff et chant insidieux du Jag' - , l'accrocheur She Saw Me Coming, sympa et entêtant, le percutant Oh No Not You Again, qui évoque l'urgence d'un When The Whip Comes Down (Some Girls), le sympathique Dangerous Beauty au riff quasiment similaire à celui de Love Is Strong (Voodoo Lounge), et Driving Too Fast dont le riff est cette fois carrément "emprunté" au Corruption d'Iggy Pop (album Avenue B). Mes deux rocks préférés (en plus de Rough Justice) sont l'énergétique et juvénile Look What The Cat Dragged In et le crétin Sweet Neocon, lui aussi assez réminiscent de Love Is Strong, avec ce mélange de riffs keithiens et d'harmonica jaggerien

Rain Fall Down, le morceau funk, n'apporte strictement rien de neuf dans la mesure où il s'inscrit dans la médiocre lignée de Terrifying (Steel Wheels) et Suck On The Jugular (Voodoo Lounge). Bref, un intermède permettant à Jagger de se la jouer dance, même si on imagine difficilement ce genre de truc passer en boîte...   

Le blues de service, Back Of My Hand, qui est aux disques des Stones ce que le Noir de service est aux séries américaines, n'apporte strictement rien au schmilblick même s'il se laisse écouter sans problème.

Quant aux ballades, elles vont du meilleur, constitué par l'intemporelle et mélancolique Biggest Mistake, par la très jaggerienne Laugh I Nearly Died et l'émouvante The Place Is Empty de Keith - sans doute la plus touchante du lot -, au pire, illustré par l'atroce Streets Of Love (dont il était question au début de cette interminable chronique), mièvrerie effectivement juste bonne à être diffusée dans les rayons d'un anonyme supermarché peuplé de zombies. Seul point positif de cette chanson : un solo bien amené, juste après les choeurs, et plutôt bien fichu...

La compo la plus étonnante, surprenante, étrange, bizarre, inclassable se trouve être l'autre création keithienne, j'ai nommé Infamy et ses claviers apparemment incongrus - c'est quand même de Keith que l'on parle, l'homme aux goûts musicaux les plus étroits que l'on puisse imaginer. Oui, ce Infamy sur lequel s'achève ce dernier disque studio des Stones constitue la plus étonnante des surprises et certainement l'unique véritable nouveauté.

A Bigger Bang a ainsi l'avantage de proposer une belle brochette de rocks énergiques bien mis en valeur par une production brute et dépouillée. On est loin des tentatives "modernistes" du précédent, le fort sympathique Bridges to Babylon (1997). Le seul morceau vraiment pénible, celui sorti en single, n'est absolument pas représentatif du reste. Reconnaissons aussi qu'il n'y a pas non plus de titre vraiment extraordinaire, à l'exception du mirifique Rough Justice. Il importe donc de relativiser l'enthousiasme de certaines chroniques par trop dithyrambiques. On est loin de Let It Bleed ou de Sticky Fingers. J'avoue aimer davantage le son de ce disque que les compos en tant que telles (même si elles ne sont pas déshonorantes). Bref, A Bigger Bang ne contient aucun futur "classique"... Mais ce n'est pas dramatique, des classiques, il en ont déjà tellement... En revanche, je ne me prononcerai pas sur le futur...

A Bigger Bang, un bon album qui plaira aux vrais fans du groupe. Je doute cependant qu'ils parviennent à intéresser les autres avec ce premier enregistrement studio depuis huit ans.


 

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 15:18

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Le succès considérable de L'Enfer des Zombies (1979) permit au vétéran Lucio Fulci d'entamer une fructueuse troisième carrière, qui culmina avec sa trilogie dite des zombies, constituée par L'Enfer..., Frayeurs (1980) et L'Au-Delà (1981).

La Maison près du cimetière (1981) se démarquait déjà des trois films précédents, non que cette oeuvre fût dépourvue de violence et d'effets spéciaux sanglants - bien au contraire - mais parce que le réalisateur avait cette fois choisi d'explorer les tortueux méandres de la psychologie enfantine à travers une histoire s'inspirant du fascinant Tour d'écrou de Henry James. 

L'Éventreur de New York est marqué par un changement d'orientation encore plus radical...

Pour simplifier, on pourrait dire qu'il s'agit d'un retour au giallo, genre que Fulci avait délaissé depuis quelques années, plus précisément depuis l'échec commercial du pourtant excellent L'Emmurée vivante (1977). Cependant, ce giallo-là se déroule à New York, ce qui lui confère une tonalité toute particulière.

Si l'absence du compositeur Fabio Frizzi se fait cruellement sentir, la partition de Francesco de Masi n'ayant absolument rien de mémorable, on retrouve quand même Vincenzo Tomassi au montage et la participation de Dardano Sacchetti à l'écriture du scénario.

Ledit scénario n'a rien d'original en lui-même et le titre du film est explicite. Un maniaque affublé d'une voix de canard assassine des femmes de manière effroyable. Le lieutenant Fred Williams (Jack Hedley) est chargé de l'enquête et va demander de l'aide à un éminent spécialiste du comportement, le docteur Paul Davis (Paolo Malco).

Une bonne partie du film sera de surcroît consacrée aux errances nocturnes de Jane Forrester Lodge (Alexandra Delli Colli), bourgeoise nymphomane qui passe le plus clair de son temps à traîner dans les bas-fonds de la Grosse Pomme, en quête de partenaires susceptibles de lui faire éprouver le grand frisson et de lui permettre de concrétiser ses sulfureux fantasmes. Elle profite en outre de ses escapades pour enregistrer ses frasques sexuelles, ainsi que celles de couples s'exhibant dans les peep-shows qu'elle fréquente assidûment, et rapporte les cassettes à son mari, le "respectable" docteur Lodge (Laurence Welles), ce qui permet à celui-ci de s'adonner à une curieuse forme de fétichisme et accessoirement de compléter sa collection d'enregistrements torrides...

L'action va cependant se focaliser sur la jeune et jolie Fay Majors (Almanta Keller), victime d'une agression dont l'auteur est vraisemblablement le fameux éventreur. Son ami, le gentil Peter Bunch (Andrew Painter), séduisant mathématicien, lui rend visite à l'hôpital et devient par la suite l'attentionné chevalier servant de l'infortunée demoiselle.

Pendant ce temps, la police essaie d'arrêter le meurtrier présumé, un certain Mickey Scellenda (Howard Ross) dit le "Grec", suspect sans doute trop évident, cumulant délit de sale gueule et blessure peu ragoûtante à la main : il lui manque deux doigts.

Soyons honnête, ce n'est pas pour son intrigue policière assez téléphonée - et je ne fais pas là référence aux nombreux appels du meurtrier à voix de canard à la police, typiques du giallo - que cet Éventreur de New York se révèle prenant. Non, si ce film a acquis une certaine notoriété, c'est d'abord en raison de sa violence parfois insupportable, Fulci n'ayant nullement  réfréné ses penchants pour le gore le plus outrancier. L'assassinat de la jeune Rosie (Cinzia De Ponti), coincée dans une voiture, au tout début du film, constitue un moment particulièrement intense. Mais cela n'est rien au regard du massacre à la lame de rasoir de la prostituée Kitty, avec le pénible passage du téton tranché et de l'oeil mutilé, très certainement la scène-choc du film, qui dépasse en horreur tout ce que Fulci nous avait déjà proposé - et Dieu sait si ses oeuvres précédentes contenaient pourtant matière à frémir...

Le principal intérêt de L'Éventreur... tient à son ambiance générale. On pourrait a priori penser que l'absence d'éléments surnaturels rend ce film moins glauque que les histoires de zombies auxquelles Fulci nous avait habitués depuis quelques années. Le parti-pris de réalisme adopté par le réalisateur, loin d'atténuer quoi que ce soit, nous impose en fait une vision du monde encore plus noire et pessimiste. La jungle new yorkaise se révèle infiniment plus sordide que celle de l'île de Matul... Vingt-sept ans après, L'Éventreur... demeure une oeuvre d'un pessimisme intense et quasiment insoutenable. Les vecteurs du mal ne sont plus d'affreux morts-vivants grouillant de vers mais des humains de chair et de sang, apparemment sans histoires. Et plutôt que de nous montrer de hideux zombies en décomposition, Fulci nous fait sentir les  miasmes infects du monde réel et de la société américaine. Ici, c'est New York qui se trouve en état de décomposition avancée et on repense non seulement aux paroles de la chanson Shattered des Rolling Stones ( "Go ahead, bite the big apple, don't mind the maggots") mais aussi à la démarche d'un Paul Schrader ( réalisateur du controversé Hardcore) avec lequel Lucio Fulci a plus de points communs qu'on ne pourrait le croire.

Le fait que le tueur ait la voix si familière de Donald le canard ne nous renvoie-t-il pas à l'horreur larvée qui se dissimule au coeur d'un quotidien faussement rassurant ?

Car la principale leçon du film, c'est qu'il ne faut surtout pas se fier aux apparences ! Méfiez-vous de ce couple de bourgeois aisés... Ceux-ci peuvent s'avérer, sous couvert de confiance réciproque et de liberté des moeurs, de fieffés pervers...

Même les représentants de l'ordre se révèlent avoir une double vie : le lieutenant Williams fricote avec une prostituée et le docteur Davis nous est montré en train d'acheter des revues homosexuelles...

Et le meurtrier ne fera naturellement pas exception à la règle, lui si insoupçonnable de prime abord. Une balle dans la tête lui emportera le visage, lui ôtant ainsi son masque de respectabilité.

Inversement, Mickey Scellenda passera quant à lui à tort pour le coupable idéal, alors que sa main mutilée en fait une exception dans ce film finalement très tactile, comme nous le rappelle le passage où l'on voit son poing difforme se balader sur le corps nu de Jane Forrester, ou encore l'outrageuse scène du bar qui nous montre l'exploration des parties les plus intimes de  l'anatomie de la dame par les doigts de pieds (!) d'un voyou portoricain, passage très cru s'il en est...

De même, la fille du coupable, malheureuse enfant hospitalisée et condamnée par la médecine, a été amputée d'un bras et d'une jambe. C'est d'ailleurs parce qu'il ne supporte pas l'idée que sa fille ne devienne jamais une "vraie femme" que le tueur frappe, s'en prenant à toutes celles qui dégagent un tant soit peu de sensualité.

Les membres mutilés de certains personnages symbolisent ici l'incapacité de ces derniers à avoir une vie sexuelle épanouie. 

Mickey Scellenda n'était pas l'Éventreur. Et cette regrettable confusion entre Mickey le pervers et Donald le palmipède psychopathe aura bel et bien constitué l'erreur fatale du lieutenant Williams...

Pour finir, signalons à nouveau une apparition de Lucio Fulci dans l'un de ses films, référence hitchcockienne évidente, cette fois dans la peau du chef de la police. En fait, la confrontation entre Fulci et le lieutenant Williams est remarquable dans la mesure où celui qui est désigné ironiquement comme étant "le grand patron en personne" pose des questions à son subalterne, non comme le ferait un supérieur mais comme un auteur facétieux qui s'adresserait directement à son personnage, permettant à ce dernier de nous révéler ses pensées intimes et de faire le point sur la situation. D'ailleurs, on ne reverra pas le "grand patron" par la suite ce qui est pour le moins surprenant, vu l'importance et le caractère très particulier de l'enquête en cours...

Parfois méprisé et souvent incompris, L'Éventreur de New York demeure l'un des films les plus sombres et dérangeants de Fulci, comme nous le rappellent les dernières images insistant sur la détresse et la solitude de cette enfant qui tente vainement de joindre son père par téléphone... et dont l'ultime confident s'avèrera être un jouet en forme de ... canard

Il s'agit aussi de la dernière oeuvre marquante de son auteur... 


 

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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 12:35

 

 

Quatrième album studio du Blue Öyster Cult, Agents Of Fortune arrive après un mythique double-live intitulé On Your Feet Or On Your Knees, qui s'inscrivait parfaitement dans la lignée de la sombre et maléfique trilogie constituée par les trois premiers disques. Le public du groupe était loin de se douter que cet enregistrement public marquerait la conclusion de la vénéneuse première période du Culte de l'Huître bleue...

Certains ne se remirent que difficilement du choc occasionné par l'écoute de ce nouveau BÖC, choc équivalent à celui consistant à découvrir abruptement la version colorisée d'un vieux classique... Car si la texture sonore des trois premiers albums évoquait la dichotomie du noir et blanc, Agents... serait quant à lui l'équivalent d'un déconcertant et inopiné passage à la couleur, à l'image de son énigmatique pochette.    

Cela pour préciser que le groupe en lequel certains virent précédemment le futur nihiliste du rock'n'roll ou un Black Sabbath américain est ici totalement méconnaissable.

This Ain't The Summer Of Love, le morceau d'ouverture, semble surtout placé là pour rassurer les fans. À juste titre d'ailleurs... Avec son riff minimaliste et plombé, This Ain't The Summer... dégage une belle énergie, le groupe nous démontrant qu'il n'a rien perdu de sa légendaire efficacité. La surprise n'en est que plus grande lorsque se fait entendre le début du lyrique et gentillet True Confessions, chanté par Allen Lanier, chansonnette pop à base de claviers et de cuivres... On imagine sans mal la réaction des bikers qui constituaient alors le gros du public du Cult... Et ce n'était pas le pourtant superbe (Don't Fear) The Reaper de Donald Roeser qui allait rassurer les vieux fans. Étonnante composition, plus proche des Byrds que de Steppenwolf, évoquant une histoire d'amour sans fin se prolongeant après la mort de ses protagonistes, The Reaper, sorti en 45t, eut un succès considérable et demeure à ce jour le plus gros tube du Blue Öyster Cult. C'est surtout la démonstration éclatante de l'immense talent de compositeur et de guitariste de Donald Roeser. Celui-ci est aussi le co-auteur (avec Sandy Pearlman) du fabuleux E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence), basé sur un riff imparable, et permettant au groupe de traiter de l'un de ses thèmes préférés, celui des extraterrestres...

Mais Agents... est un album démocratique... Le batteur Albert Bouchard, l'autre force musicale du groupe, a co-écrit l'énigmatique The Revenge Of Vera Gemini avec la poétesse Patti Smith, et le duo vocal qu'ils forment ici se révèle magique. Ambiance sophistiquée, raffinement de la musique et des arrangements, omniprésence d'une basse ronflante et moelleuse, tout cela contraste avec la cruauté, le cynisme du propos...

La face B est forcément moins réussie même si elle contient son lot de bons moments. Sinful Love et Tatoo Vampire, deux rocks violents, portés par ces riffs froids et véloces, typiques du Cult, nous ramènent aux brûlots éruptifs d'antan, en un peu moins bien.

Et Debbie Denise et Tenderloin, avec leurs mélodies pop et leurs arrangements chiadés, sont révélateurs de l'impasse dans laquelle le groupe risque de s'engager en persistant dans cette voie, car dépourvus de l'originalité des pépites de la première face et trop éloignés de la nature même du BÖC...

Le meilleur titre de cette face est indiscutablement le troublant Morning Final, évocation d'un fait divers sordide survenu dans le métro. Composé par le bassiste Joe Bouchard, c'est un morceau d'une grande richesse musicale, avec sa profusion de claviers et son atmosphère de cauchemar éveillé, le tout accentué par un crescendo prenant.

Agents Of Fortune demeure donc une énigmatique œuvre de rupture avec le passé et montre la volonté d'évolution des New Yorkais, ceux-ci désirant produire une musique plus variée et plus sophistiquée que le hard rock basique de leurs débuts. Dans un premier temps, cette nouvelle démarche sera couronnée de succès tant musicalement que commercialement. Mais le groupe, après avoir joué avec les forces des ténèbres et invoqué le maléfique Roi de jaune vêtu de Chambers ne tardera pas à connaître le revers de la médaille, perdra provisoirement le feu sacré et devra composer avec les agents de l'infortune...

 

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16 juillet 2009 4 16 /07 /juillet /2009 15:40

 

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          Replacé dans le contexte des années 70, ce Greatest Hits se révèle pour le moins astucieux et constitue une excellente piqûre de rappel : oui, le Alice Cooper Band fut bel et bien l'un des groupes les plus populaires du début de cette décennie. Rappelons qu'il s'agit d'un "greatest hits", pas d'un "best of", ce qui explique l'omission de certains morceaux-cultes n'ayant jamais connu de sortie en 45 tours (I Love The Dead, Ballad Of Dwight Fry...). Certes, tous les singles ne sont pas représentés, notamment Caught In A Dream/ Hallowed Be My Name. Certaines faces B mémorables manquent aussi à l'appel : You Drive Me Nervous, Looney Tune, Gutter Cat, Mary Ann...  Oublié aussi ce Slick Black Limousine, gracieusement offert aux lecteurs du New Musical Express en 1973...

De toute façon, il eût été impossible de caser tous les singles du groupe sur un album simple...

Précisons aussi que Bob Ezrin n'a pu s'empêcher de remixer certains titres, c'est évident à l'écoute des extraits de Killer, caractérisés ici par un son nettement plus policé que sur l'album original. Idem pour le principal extrait de Love It To Death, le mythique I'm Eighteen, l'un des plus importants singles de l'histoire du rock, le My Generation du Coop', plagié par Kiss en 1998 (Dreamin', sur l'album Psycho Circus).

Enfin, la pochette de Drew Strutzan est de toute beauté, avec son ambiance années 30. On y voit les membres du groupe côtoyer de vieilles gloires hollywoodiennes, entre autres Bogart, Gable, Jean Harlow, Peter Lorre et l'inénarrable Groucho Marx avec qui Alice développa une véritable amitié au milieu des années 70. On relèvera aussi les multiples références à l'univers discographique du Coop' : School's Out en "une" des journaux, les magazines qui reprennent la  pochette de Billion Dollar Babies ainsi que le nom du garage : Al's place... 

          Bien sûr, le principe même de ce Greatest Hits est discutable : Alice Cooper ayant essentiellement enregistré des albums conceptuels, il peut sembler critiquable, voire frustrant, de n'en écouter que quelques extraits de trois minutes. De plus, ce disque ne couvre que trois années de la carrière d'Alice (1971, 1972 et 1973) et ne permet pas de prendre la pleine mesure d'une activité qui s'étend maintenant sur cinq décennies. Et puis, il existe actuellement d'autres moyens que l'achat d'une compilation pour découvrir l’œuvre d'un artiste. Les collectionneurs se mettront cependant en quête du vinyle d'origine ou de la réédition CD de 2008...







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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 19:31

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Buck Dharma, alias Donald Roeser, est bien sûr le guitariste mythique du Blue Öyster Cult, l'un des groupes légendaires du heavy metal américain. Membre majeur du Cult, tant par son jeu si particulier que par la qualité de ses compositions, c'est à lui que l'on doit entre autres la vénéneuse Then Came The Last Days Of May du premier album, le puissant Godzilla et le cristallin I Love The Night de Spectres ainsi que le célèbre (Don't Fear) The Reaper, énorme tube figurant sur Agents Of Fortune. Au début des années 80, Roeser décide d'enregistrer un album solo. Il est vrai que l'ambiance au sein du groupe n'est plus au beau fixe et des tensions sont apparues entre le batteur Albert Bouchard et le reste de l'équipe. De plus, le Cult peine à se remettre de l'immense succès commercial de l'album Agents Of Fortune (1976). Mirrors (1979) et Cultösaurus Erectus (1980) n'ont pas marché. En 1981, ses petits camarades supplient même Roeser, déjà en train de travailler sur son album perso, de bien vouloir donner au groupe la chanson Burnin' For You, initialement destinée à figurer sur Flat Out. Bon prince, notre guitariste accepte et Burnin' devient le tube de l'excellent Fire Of Unknown Origin, disque à succès qui permet miraculeusement au BÖC de rebondir provisoirement en 1981.

Privé de son hit potentiel, Flat Out sort dans l'indifférence générale en 1982 et c'est franchement regrettable. Il ne s'agit pas d'un chef-d’œuvre impérissable mais d'un fort bon disque, tout simplement.

Cet album solo de Buck Dharma n'est certes pas dépourvu de faiblesses mineures, à commencer par une production datée (c'est Donald Roeser, autrement dit Buck Dharma, qui a produit l'objet et celui-ci sonne parfois comme une démo améliorée...).

On déplorera aussi l'absence de stabilité du line-up, en particulier au niveau de la batterie. Les amateurs seront surpris de retrouver sur certains morceaux le célèbre Neal Smith, batteur du Alice Cooper Band, co-auteur aussi de l'hymne introductif Born To Rock. On note aussi la présence de Rick Downey, remplaçant de Bouchard au sein du Blue Öyster Cult sur plusieurs titres. Et c'est à l'excellent Steve Jordan ( futur batteur de Keith Richards en solo) que revient l'honneur de jouer sur l'énergique All Tied Up, tandis que Donald Roeser en personne martèle le funky Wind Weather And Storm.    

Autre petite réserve, la voix un peu faiblarde du guitariste qui, si elle fait toujours merveille sur les compos FM, passe moins bien sur les rocks fracassants, assez peu nombreux il faut bien l'avouer.

Born To Rock, qui contiendrait d'après Philippe Manoeuvre l'un des meilleurs solos de guitare de tous les temps, en est un, avec ses allures d'hymne simpliste et efficace, tout comme Five Thirty-Five et le plus stonien All Tied Up.

Mais Flat Out n'est nullement monolithique. On sent que son auteur a voulu s'extirper de la légende du Blue Öyster Cult et proposer autre chose que des solos pyrotechniques. La présence d'un saxophone sur le bref et syncopé Wind Weather And Storm surprend indéniablement. Tout comme la reprise avec Sandy Roeser d'un vieux tube pop des Fleetwoods datant de 1959 intitulé Come Softly To Me.

Signalons aussi la présence d'un instrumental intitulé Anwar's Theme, hélas desservi par un atroce son de batterie...

La première partie du disque se révèle la plus intéressante avec pour commencer ce lourd Born To Rock déjà mentionné et trois excellentes chansons, plus orientées FM et rappelant souvent ce que le guitariste nous proposa sur les albums à succès du Cult. That Summer Night contient des parties de guitare à la fois filantes et toujours mélodiques. Tout comme le magnifique Cold Wind et son refrain entêtant qui ne sont pas sans évoquer certains des meilleurs moments de Spectres (1977) avec toujours ces guitares aigrelettes et volubiles, de toute beauté.

Le sommet de Flat Out est cependant constitué par l'émouvant Your Loving Heart, morceau à tiroirs de plus de sept minutes distillant une réelle émotion et ressuscitant un peu de la magie de The Reaper. Le narrateur, gravement malade, est condamné par la médecine. Son seul espoir : une éventuelle mais improbable greffe de cœur. La première partie est lente et introspective, le malheureux se préparant avec résignation à la mort. Soudain, il apprend que l'on a trouvé un donneur et l'espoir renaît, le rythme du morceau s'accélère et évoque le battement d'un cœur, le tout survolé par de magnifiques et aériens solos de guitare, peut-être les plus beaux et les plus émouvants jamais interprétés par Dharma. La dernière partie nous restitue les pensées du personnage après son opération. Celui-ci est plein d'espoir en ce qui concerne sa nouvelle vie et s'interroge sur l'identité du donneur qui lui a permis de revivre... Superbe compo qui gagnerait à être plus connue...

Flat Out permet ainsi au talentueux Buck Dharma de donner libre cours à toute l'étendue de son talent et d'officier dans un cadre moins restrictif que celui du sombre et controversé Blue Öyster Cult. Et notre guitariste de démontrer qu'il n'est pas qu'un guitariste de heavy metal mais un compositeur talentueux et débordant de sensibilité, sans doute l'âme musicale du Cult...

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