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6 août 2013 2 06 /08 /août /2013 16:46

Formé en 1981, Slayer ne fut pleinement reconnu à sa juste valeur qu'après la sortie de Reign In Blood, son troisième et décisif album paru en 1986, magistralement produit par Rick Rubin. Non que Show No Mercy (1983) et Hell Awaits (1985) aient constitué de piteuses offrandes, loin de là, puisqu'il s'agit indéniablement de deux œuvres essentielles emblématiques d'un style alors balbutiant, le thrash, qui repoussait loin, très loin, les limites du metal traditionnel. Les thrasheurs étaient affreux, sales et méchants, jouaient plus vite et plus fort que les groupes de heavy metal établis. Iron Maiden, le groupe de heavy le plus populaire de la décennie 80 passait soudain pour un orchestre de gentils garçons bien élevés et cultivés, de braves petits gars très présentables, finalement. Les Metallica, Anthrax, Testament et autres Megadeth, autres grands noms du thrash, ne faisaient pas l'unanimité et écorchaient carrément les oreilles des hardos "respectables" qui les trouvaient trop bruyants (un comble !), constat aggravé par des productions souvent rudimentaires, genre "enregistré dans ta cave", ou dans les égouts, ou directement en enfer... Et de Slayer, qui s'était rapidement imposé comme le plus malsain représentant de cette horde sauvage, s'exhalait une odeur méphitique. Véritable bête immonde du metal, Slayer faisait peur... Vraiment... Reign In Blood marqua d'une indélébile traînée sanglante l'histoire du metal et permit au groupe de Tom Araya (basse et hurlements), Jeff Hanneman (guitare guillotine), Kerry King (guitare épileptique) et Dave Lombardo (le John Bonham du thrash) de passer en première division. Disque culte, Reign In Blood passe pour l'un des albums les plus rapides et malsains de tous les temps. Si l'on ajoute à cela des textes éminemment sulfureux dont le plus emblématique demeure le fameux et apocalyptique Angel Of Death consacré aux "exploits" du criminel de guerre Joseph Mengele à Auschwitz, on obtient un véritable chef-d'œuvre du genre. Une réussite quasi-indépassable dont on ne peut qu'avoir du mal à se remettre et à laquelle il est difficile de donner une suite... South Of Heaven (1988), à nouveau produit par Rubin, surprit son monde lors de sa parution, le groupe ayant drastiquement ralenti le tempo, sans pour autant renoncer à ses thèmes de prédilection (guerre, mort, satanisme). En 1990 parut Seasons In The Abyss. Suite logique de ses deux prédécesseurs (1), il est souvent décrit comme la synthèse des meilleurs ingrédients de Reign In Blood et de South Of Heaven, à savoir le recours occasionnel à des tempos véloces dignes de RIB, le tout porté par l'une des plus implacables sections rythmiques du metal et les habituels solos hystériques, mais sans pour autant omettre quelques titres plus lents, générateurs d'une ambiance lourde et angoissante. Seasons permet ainsi au meilleur des deux mondes de se côtoyer, violence de Reign In Blood, chant et mélodies - tout est relatif - de South... Cela explique la réussite et la cohésion de l'ensemble. Les dix morceaux composant l'album s'enchaînent remarquablement et le soin porté aux intros force le respect de l'auditeur, sans parler de la construction des chansons - le terme n'est pas inadéquat dans la mesure où l'on peut fredonner la plupart des titres sous la douche - couplets accrocheurs, refrains imparables. Et les solos stridents des sieurs King et Hanneman s'avèrent plus efficaces, mieux intégrés aux compositions, car moins outranciers et gratuits que par le passé. La première face est impeccable, de l'offensif War Ensemble au maladif Dead Skin Mask, consacré au tueur en série Ed Gein (2), celui qui était passé maître dans l'art de confectionner des objets à base de peau humaine. Lent et obsédant, insidieux et chirurgical, Dead Skin Mask demeure l'une des plus grandes réussites du combo. Et le fabuleusement sinistre Spirit in Black, à l'imparable refrain, est à peine moins bon... La deuxième face nous propose quant à elle le brûlot Hallowed Point et le bizarre Skeletons of Society, caractérisé par des chœurs inhabituels. Après deux titres moins remarquables, Temptation et Born of Fire, bons mais pas transcendants, l'album s'achève sur l'extraordinaire morceau-titre, autre composition-phare, reposant sur une intro complexe en arpèges, signe d'une indéniable maturité musicale, permettant la création d'une ambiance épique et prenante... Certes moins radical que Reign In Blood, Seasons In The Abyss demeure l'album le plus homogène et équilibré (hum) de Slayer. Vingt-trois ans après, il a accédé au statut de "classique" absolu du metal et n'a pas pris la moindre ride, ce qui en fait une acquisition non seulement recommandée mais indispensable à tout métalleux digne de ce nom. Par la suite, le groupe ne sortirait plus d'albums d'une telle qualité, d'une telle intensité. Pire... Après avoir piteusement suivi les modes, album de reprises punk en 1996 (Undisputed Attitude ), pénible tentative néo-métallique en 1998 (Diabolus in Musica), Slayer s'est contenté de refourguer à son public ce qu'il attendait de lui, tentant de revenir à son style "classique", en moins bien, forcément (Christ Illusion)... Et on imagine mal l'ex-géant du thrash rebondir maintenant que le principal compositeur du groupe, Jeff Hanneman, nous a définitivement quittés pour le sud du paradis...

 

(1) Toujours produit par Rubin, co-produit par le groupe et Andy Wallace.

(2) Le Buffalo Bill du Silence des agneaux s'inspire aussi de ce sympathique individu, tout comme le Norman Bates de Psychose...

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