Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 22:28

"When you race with the Devil, you'd better be faster than Hell."

Réalisée par Jack Starrett, avec les excellents Peter Fonda (Easy Rider) et Warren Oates (Two-Lane Blacktop, La Horde sauvage), cette Course contre l'enfer s'impose comme l'une des plus trépidantes et jubilatoires séries B des années 70. Un épatant "petit" film privilégiant l'action et le suspense, mené tambour battant par une équipe de professionnels aguerris, et qui n'a rien à envier à certaines grosses productions. La grande force de Race with the Devil, c'est son absence totale d'originalité, son scénario signé Lee Frost et Wes Bishop, deux vieux routiers du cinéma d'exploitation, se contentant de reprendre efficacement certains éléments alors en vogue, notamment la vague de terreur satanique et les poursuites de bagnoles. L'histoire s'avère fort simple. Deux couples de San Antonio (Texas) - Frank (Warren Oates) et Alice Stewart (Loretta Swit), d'une part et Roger (Peter Fonda) et Kelly Marsh (Lara Parker), d'autre part - décident d'aller passer leurs vacances d'hiver à Aspen (Colorado), célèbre station de ski située dans les montagnes Rocheuses. Pour ce faire, ils embarquent à bord du gigantesque mobil home dernier cri de Frank. En cours de route, ils s'arrêtent dans un endroit isolé pour la nuit. À l'issue d'un dîner bien arrosé, les deux hommes sortent prendre l'air et assistent à un étrange spectacle. Non loin de leur campement, des individus allument un feu et se livrent à une curieuse danse. Dans un premier temps, Frank et Roger, quelque peu éméchés, s'amusent à jouer les voyeurs, croyant avoir affaire à une joyeuse partouze de hippies. Ils ne tardent cependant pas à réaliser qu'ils sont les témoins involontaires d'une cérémonie rituelle sataniste dont le point culminant sera un sacrifice humain. Horrifiés, ils tentent de rejoindre le mobil home dans lequel les attendent leurs femmes. C'est ce moment que choisit Alice pour appeler les deux hommes. Ceux-ci, affolés, lui enjoignent d'éteindre les lumières et de retourner à l'intérieur du véhicule. Trop tard ! Les satanistes ont repéré ces témoins indésirables et se lancent à leur poursuite. Nos héros échapperont de justesse à cette horde sauvage et se rendront au poste de police le plus proche. La facilité avec laquelle le shérif et ses hommes parviendront à retrouver le lieu de la bacchanale ne surprendra que le perspicace Roger... Si les traces du feu demeurent visibles, le seul cadavre que l'on retrouve est celui d'un malheureux chien. Le shérif semble sceptique et rappelle à Frank et Roger que l'état dans lequel ils se trouvaient ne plaide pas vraiment en faveur de leur témoignage... Pendant que leurs hommes accompagnent la police, Alice et Kelly découvrent un inquiétant message d'avertissement, d'autant plus inquiétant qu'il est agrémenté de maléfiques symboles runiques... Référence au génial Curse of the Demon de Jacques Tourneur ? Les deux femmes se rendent alors à la bibliothèque municipale afin d'y emprunter quelques ouvrages consacrés à la sorcellerie. Après que le garagiste local (Phil Hoover) a vaguement rafistolé leur véhicule, et entendu Roger se vanter d'avoir discrètement prélevé un échantillon de sang qu'il compte déposer au prochain poste de police, afin d'être certain qu'il s'agit bien de sang de chien, nos voyageurs peuvent repartir. La fameuse course peut alors véritablement commencer... Le spectateur en aura pour son argent. Car tout va aller crescendo, avec une palpitante montée en puissance du suspense et de l'adrénaline, ce jusqu'à un final mémorable. L'amateur de cinéma de genre appréciera notamment le développement de cette ambiance paranoïaque qui avait tant contribué au succès de Rosemary's Baby. La brièveté du film constitue un atout indéniable, évite au soufflé de s'effondrer et au réalisateur de pédaler dans la choucroute... Comme dans le chef-d'oeuvre de Polanski, n'importe quel quidam croisé par nos héros est un sataniste en puissance, même les gens en apparence les plus insoupçonnables. Cette atmosphère rappellera aussi aux plus anciens la mythique série Les Envahisseurs. Alors qu'elle se prélasse dans la piscine d'un camp de loisirs, l'infortunée Kelly est en proie à une terrible crise d'angoisse. Pourquoi tous ces gens la dévisagent-ils de la sorte ? S'agit-il de désir ? De quelque chose de plus inquiétant ? À moins qu'il ne s'agisse d'un effet de son imagination bien éprouvée ces derniers temps ? Et que dire de ce couple, les Henderson (Clay Tanner and Carol Blodgett), qui s'invite chez eux et se tape l'incruste avec autant d'aplomb et de sans-gêne que les époux Castevet de Rosemary's Baby ? Très vite, le doute n'est plus permis. Le sentiment d'insécurité laisse place à des attaques bien réelles, impliquant aussi bien des serpents à sonnettes que des poursuivants déterminés, ce qui donnera notamment lieu à des scènes d'action particulièrement réussies, notamment celles de cascades. Les protagonistes verront ainsi avec effroi leur projet de vacances de rêve se transformer en cauchemar absolu, leur confortable "maison roulante" se métamorphosant progressivement en piège mortel. Et ce en dépit des efforts désespérés des deux hommes qui doivent aussi composer avec l'hystérie de leurs compagnes, ces dernières brillant surtout par leur passivité et leur propension à pousser des hurlements de terreur qui n'ont rien à envier à ceux de Fay Wray dans le premier ( et unique ) King Kong. Comme l'affirme crânement la bande annonce, "lorsque vous faites la course avec le Diable, vous avez intérêt à être plus rapide que l'Enfer !" Dans ces conditions, et vu l'engin conduit par Frank, inutile de s'attendre à une quelconque happy end. Un dernier mot sur l'apparence des membres de la secte. Les femmes, du moins les plus âgées, semblent tout droit sortir de Rosemary's Baby. Quant aux plus jeunes, elles évoqueraient davantage les hippies dévergondées du cultissime I Drink Your Blood (1970) de David E. Durston, d'ailleurs elles-mêmes très inspirées de la Famille de Charles Manson.

Course contre l'enfer /Race with the Devil (1975)
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : homeatlast
  • : Chroniques de disques (rock, hard rock, metal, seventies, eighties). Chroniques de films. Cinéma fantastique et d'horreur.
  • Contact

Subliminal et séminal...

Recherche

Catégories

Liens