Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 15:30

Queen_The_Game.png

 

Ce qui surprend, à l'écoute de The Game, huitième album studio du groupe anglais Queen sorti le 30 juin 1980, au-delà de la trompeuse opposition entre ses deux faces, c'est le son plus moderne, clairement destiné à séduire le public américain, alors friand de sonorités FM chatoyantes. L'objectif fut magistralement atteint puisque l'album atteignit le sommet des charts américains (et britanniques). Le 45 tours Crazy Little Thing Called Love, sorti quelque temps plus tôt (le 5 octobre 1979), avait déjà fourni à la Reine son premier numéro un américain (le 23 février 1980). Le 45 tours Another One Bites The Dust (paru le 22 août 1980), autre numéro 1 US, connaîtrait un succès encore plus retentissant, devenant la plus grosse vente de Queen sous ce format.
Sur The Game, la véritable dichotomie réside dans la différence stylistique - et non pas qualitative -des morceaux, plus précisément entre ceux enregistrés en juin/juillet 1979 (Crazy Little Thing Called Love, Sail Away Sweet Sister, Coming Soon, Save Me) et les autres (Play The Game, Dragon Attack, Another One Bites The Dust, I Need Your Loving, Rock It, Don't Try Suicide), mis en boîte entre février et mai 1980.
On a beaucoup glosé sur l'utilisation de l'Oberheim OBX : les deux numéros 1 cités plus haut ne contiennent pas une note de synthétiseur. Il est d'ailleurs ironique de constater que c'est Roger Taylor, considéré comme l'élément rock du groupe, qui aurait fait pression sur les autres pour imposer l'usage de cet instrument considéré, à tort ou à raison, comme "sacrilège" par certains rockers.    

 

Mercury1.jpg

Freddie, période pré-moustache

 

Les titres de 1979 (période pré-moustache) s'inscrivent dans la continuité de l'album Jazz et même de certains disques antérieurs à celui de 1978. Sail Away et Save Me, deux compositions de Brian May, permettent ainsi de retrouver le Queen mélodico-romantique de toujours, tandis que le Coming Soon de Roger Taylor donne dans une veine pop/rock un peu FM et commerciale, rappelant la démarche qui était la sienne à l'époque de Jazz. Quant au succès de Crazy Little Thing, qui s'inscrit effectivement dans une veine rockabilly et constituerait un hommage rendu par Freddie Mercury à Presley, il peut sembler surprenant, d'autres chansons antérieures du groupe s'avérant nettement plus intéressantes que cette chansonnette, certes plaisante mais pas inoubliable.

 

FreddieMercury-Moustache.jpg

Freddie, période moustache. Quel bel homme !

 

Les titres de 1980 (période moustache) frappent par leur plus grande modernité et permettent au groupe de se tourner résolument vers l'avenir. Si Freddie s'avère comme toujours très en forme vocalement parlant, il ne semble pas avoir spécialement forcé son talent de compositeur, comme en témoigne la trop moralisatrice Don't Try Suicide, qui surprend par son côté forcé et bancal. Reste l'évidence mélodique de Play The Game, morceau porté par des synthés quelque peu envahissants, n'empêchant toutefois pas May de se fendre d'un solo de toute beauté. 
Le balourd Rock It de Taylor s'inscrit dans la veine FM qu'il avait déjà abordée avec Coming Soon. Par moments, on croirait carrément entendre un groupe de hard FM des plus anonymes, tant en ce qui concerne le fond que la forme. Il suffit pour cela d'être un tant soit peu attentif aux paroles : "When I hear that rock'n'roll, It gets down to my soul, When it's real rock'n'roll, oh rock'n'roll". N'importe quel groupe issu des tréfonds de l'Arkansas eût pu accoucher d'une telle prose...
Heureusement, le brillant Dragon Attack de Brian May relève sacrément le niveau, et s'impose comme un exemple parfait de hard rock groovy. Si l'on ajoute à cela des parties de guitare flamboyantes et inspirées, mises en valeur par une production rutilante, on obtient peut-être là la grande réussite de l'album.
On ne pourrait cependant rendre compte de The Game sans mentionner les deux compositions du discret bassiste John Deacon. I Need Your Loving donne dans une sorte de power pop FM particulièrement efficace et addictive. Mais c'est surtout le monstrueux Another One Bites The Dust qui a marqué les esprits et fait danser les corps. Les amateurs de funk auront bien sûr reconnu la fabuleuse ligne de basse du Good Times de Chic. Inutile de développer davantage, tout le monde connaît ce titre imparable au succès plus que mérité.
Outre la présence de deux chansons moins réussies, Rock It et Don't Try Suicide, placées de surcroît en début de face B, on peut déplorer l'effacement de Brian May, dont la guitare est moins mise en avant que d'habitude. À cela, on ajoutera la déception engendrée par un Freddie Mercury provisoirement moins inspiré.

Prenons donc The Game pour ce qu'il est, à savoir le disque d'un groupe qui entend ne pas s'endormir sur ses lauriers et évoluer en tenant compte des nouvelles tendances musicales.
Aussi perfectible soit-il, celui-ci demeure certainement le meilleur album enregistré par Queen dans les années 80...

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : homeatlast
  • : Chroniques de disques (rock, hard rock, metal, seventies, eighties). Chroniques de films. Cinéma fantastique et d'horreur.
  • Contact

Subliminal et séminal...

Recherche

Catégories

Liens