Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 22:56

darc.jpg

 

Lorsque j'ai appris la mort de Daniel Darc, ces mots de l'écrivain Dominique Fernandez me sont instantanément revenus à l'esprit :
"La littérature occidentale, dans sa grande tradition, valorise la nuit, l'échec, la mort, le pessimisme ... contre le jour, la réussite, la vie, l'optimisme !" (1)
Remplacez "littérature" par "culture" et vous obtenez un résumé, certes réducteur, de ce qui caractérise une partie non négligeable de l'art occidental. Cela s'applique encore plus à la conception du rock qui est celle d'une certaine élite. Marginalité, drogue, galères, mort... Comme si l'amour de cette musique se résumait à l'adulation de quelques artistes maudits, appartenant - bien malgré eux -  à ce fameux "Club des 27". Reconnaissons à Daniel Darc, disparu à 53 ans le 28 février dernier, ultime jour du mois le plus éprouvant de l'année, d'avoir réussi à survivre, à quelques mois près, deux fois 27 ans... Qu'auraient réalisé les Brian Jones, Hendrix et autres Morrison s'ils avaient bénéficié d'un tel sursis ?
Quoi qu'il en soit, nuit, échec, pessimisme et mort sont des termes qui collaient littéralement à la peau de l'ancien chanteur de Taxi Girl...
Pour lui, la nuit n'était ni consolatrice, ni dispensatrice de bienfaits. "La nuit approche, l'enfer est à nous", Quelqu'un comme toi. Nombre de commentateurs, circonstances obligent, ont cru bon de citer ce passage tiré de de J'irai au Paradis, l'un des titres composant Amours suprêmes (2008) : "Quand je mourrai, j'irai au Paradis, C'est en Enfer que j'ai passé ma vie".
Sa vie, qui évoqua, par certains aspects, celle des "poètes maudits" du XIXᵉ siècle, et fut  effectivement placée sous le signe de l'échec. À commencer par celui, non pas artistique, mais commercial de Seppuku (2), ambitieux album paru fin 1981 et produit par Jean-Jacques Burnel, le bassiste des Stranglers. Les ventes décevantes ne furent pas pour rien dans l'agonie puis la mort de ce qui demeure le groupe français le plus passionnant de sa génération. Le pire, c'est que, pour le grand public, le nom de Taxi Girl restera à jamais associé au tube Cherchez le garçon, sorti en 1980... Dur pour un esthète tel que Daniel Darc, qui adulait notamment le Blue Öyster Cult, groupe qui s'imposa, dans un premier temps, par la seule qualité de ses albums.
Reste une oeuvre intense, sombre et glaçante, indéniablement éprouvante, habitée par le pessimisme le plus noir... "Chaque nuit je vois d’horribles choses Dans mon sommeil À mon réveil je m’aperçois Que je ne dormais pas..." Plus je sais, plus j'oublie.
Les obsessions morbides ne quittèrent jamais le chanteur. Ces dernières années, les critiques avaient pris l'habitude de qualifier Darc de "survivant". En réalité, on ne survit pas à certaines épreuves... On se contente de différer l'inéluctable, tel le condamné dans le couloir de la mort... "Les meilleures choses ont une fin (...) Je suis déjà trop loin Je suis déjà parti Fais comme si tu Ne m’avais jamais connu Tout est foutu..." Je suis déjà parti.

 

Quatre ans après Bashung, à l'issue d'un atroce hiver (3), Daniel Darc a définitivement quitté ce bas monde... D'après la presse, ce décès serait lié à un mélange d'alcool et de médicaments. Triste cocktail (4)!

 

 

 

 

(1) L'Étoile rose (1978).
(2) Le seppuku étant le suicide rituel japonais par éventration, plus connu sous le terme de harakiri.
(3) "Pour nous tu le sais bien, C’est toujours l’hiver." Toujours l'hiver.                                                 

(4) Ultime titre de l'album Cherchez le garçon.


 




 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : homeatlast
  • : Chroniques de disques (rock, hard rock, metal, seventies, eighties). Chroniques de films. Cinéma fantastique et d'horreur.
  • Contact

Subliminal et séminal...

Recherche

Catégories

Liens